Mazargues, une mémoire préservée

Du vieux Mazargues, il reste quelques plaques en pierre indiquant le nom des rues, l’élégant château, l’église ou encore la petite voûte de pierre qui surplombe la traverse du puits. Autant de trésors sur lesquelles des Mazarguais veillent jalousement.

Raymond Cresp est de ceux-ci. Enfant du quartier, il a fondé avec des amis l’association Alargo qui œuvre pour la revalorisation du patrimoine de ce lieu. Cet homme à la mine joviale derrière ses lunettes rondes a accumulé une mine d’or de photos, livres et documents de toute sorte sur le quartier. Lorsqu’il replonge dans ses albums, les anecdotes fusent et s’entremêlent, comme des pièces de puzzle. « Ici, c’est monsieur Silvestri, il vendait son poisson de Morgiou sur la place de l’Église.» « Lui, c’est le marchand de coquillages. Il avait englobé la fontaine en fonte dans son kiosque, il l’utilisait gratuitement. Et c’est quand il est parti que l’on a redécouvert la fontaine ». Des histoires autour de familles qui vivaient des commerces de la rue Emile Zola, de la pêche, de l’industrie et de l’agriculture locale.

bar du Rond-Point

Une riche activité agricole

Dans les maraîchages alentours, de nombreux immigrés, Italiens pour beaucoup, trimaient pour cultiver tomates, choux et autres légumes de saison. Autour des bastides, on élevait des bêtes. « Il y avait des volières, des poulaillers, des laiteries, des cochonniers … » explique Raymond tout en parcourant son album photos. Un autre habitant se rappelle les chariots ferrés dans les cochonniers, « un peu comme dans les mines ». «Gamins, on se mettait dedans et on dévalait le cochonnier pour se fracasser dans un mur en briques trente ou quarante mètres plus loin. »

Les gamins. Tout un monde au vieux Mazargues. Comme beaucoup d’enfants du quartier, Raymond fréquentait le patronage, l’ancêtre des colonies de vacances. « J’y ai découvert la sculpture. On avait un curé exceptionnel, il nous emmenait chercher de l’argile dans les colonies, on la cassait, on mettait de l’eau et on fabriquait des santons. On est aussi partis dans les Alpes. »

Les plus grands aussi s’amusaient à Mazargues. Le village comptait pas moins de quatre bars où se retrouvaient les voisins. On s’organisait en cercles : le cercle laïc, ou celui des chrétiens. Chacun avait sa fanfare, son théâtre où l’on se retrouvait le dimanche. Il y avait aussi le cinéma, et ces fêtes qui ponctuaient l’année, comme le mardi gras où l’on pendait un mannequin à brûler au-dessus du bar Brémond, devenu une Caisse d’épargne. « La télévision et la voiture ont un peu mis fin à tout cela, regrette Raymond, chacun est devenu indépendant ».

Aujourd’hui, bon nombre de ces lieux de vie ont été démolis, remplacés par de petits immeubles. « Il y a des permis de construction à tout-va, » constate Raymond. Pourtant, le village parvient à garder son caractère. Mais au-delà de l’architecture, c’est le lien social entre Mazarguais que veut préserver l’association Alargo en organisant de nombreux événements conviviaux. « Une fois on est allés marcher dans les collines avec des gamins de la cité, raconte Raymond, l’œil brillant. Ils devaient dessiner ce qu’ils avaient en face d’eux, pour faire une frise collective du panorama. Certains faisaient de gros dessins quand d’autres en avaient fait de tout petits mais c’était très beau, ce travail collectif. A la fin de la journée, on voyait les minots courir dans la sablière. C’était magique. » Nostalgique peut-être, passéiste jamais.

Maëva Gardet-Pizzo

 

Merci à Raymond Cresp pour les photos.

3 réflexions sur “Mazargues, une mémoire préservée

  1. Lyon jean-philippe rédacteur du journal du CIQDE Mazargues. dit :

    Très bien ! Beaucoup plus détaillé vous trouverez dans  » Dis Papet , raconte- nous Mazargues  » sous la plume de  » Evelyne LYON-LAVAGGI » l’histoire de Mazargues depuis l’ Antiquité jusqu’à 1914. Evelyne Lyon, admise à l’agrégation d’histoire a pendant ses 35 ans de carrière au collège « Grande Bastide » a vu ses ses bancs scolaires défiler plus de 8000 petits Mazarguais. Vous trouverez ce livre sur Mazargues, ainsi que 6 ou 7 autres chez LEclerc Sormiou , à défaut par Raymond ou à lui commander sur notre adresse mail

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